David Ace - La sagesse (mon frère)

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J’ai demandé à mon frère quel objet personnel évoque pour lui d’importants souvenirs.  Il a choisi une photo prise au début des années 1950.  Mon frère fréquentait l’école publique L.J. Atkinson, dans la petite communauté minière de Garson, en Ontario.  Il était timide et calme.  Il dit ne s’être jamais senti Indien, Britannique ou Canadien.  Il suivait ses intuitions, conservait son intégrité.  Il est parti vivre en plein coeur de Toronto.   

 

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Mon frère est né le 19 octobre 1950.  Il est le deuxième enfant de mes parents, qui ont perdu avant lui une soeur aînée nommée Carol Ann.  Né pendant l’explosion démographique de l’après-guerre, il figure parmi les premiers petits-enfants de mes grands-parents.  La famille l’a submergé d’amour et de soins.  Certes mes parents adoraient David, mais il a dû affronter une discipline plus sévère que moi.  Il est toujours plus difficile d’être l’aîné d’une famille.

 

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David a passé bon nombre de ses premières années à la maison de mes grands-parents.  À la mort de mon grand-père, au début des années 1950, ma grand-mère est devenue chef de famille.  Tous les dimanches, la famille se réunissait chez elle.  Tous les petits-enfants se retrouvaient dans la cour, pour y jouer.  Sur la photo de droite, David est en compagnie de notre cousine Gail, qui prenait bien soin de lui, son favori.

 

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David a grandi et a passé la plupart des étés à camper et à pêcher avec nos parents et leurs amis.  Mon père l’emmenait en bateau en compagnie du chien Ruffles.  Tous les ans, à la belle saison, mon oncle George et ma tante Florence, qui vivaient à Toronto, envoyaient leur fils Greg séjourner chez mes parents, avec mon frère.  Sur la photo de gauche, David est au centre, Greg est à droite et leur ami Brian est à gauche.  Tout petit, Greg a été envoyé dans un pensionnat catholique de Toronto, où l’enseignement était dispensé par des religieuses.  Plus tard, il est entré au séminaire et a été ordonné prêtre.  David a traversé les années 1950 et 1960 en s’efforçant de cacher son ascendance indienne, comme il était de mise à l’époque.  Les deux ont emprunté des voies différentes qui les ont éloignés de leur patrimoine culturel autochtone.

 

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David a grandi parmi quatre générations.  Son arrière-grand-mère, sa grand-mère et son père ont toujours été présents.  Il n’allait jamais connaître ses grands-parents maternels et il lui a fallu attendre 1965 pour rencontrer enfin sa famille maternelle en Angleterre.  David et moi avons fréquenté une école publique du réseau d’éducation ontarien.  L’expérience se révélait plus souvent qu’autrement difficile et bouleversante.  Elle nous isolait.  Les Indiens n’étaient pas partie intégrante de l’histoire du Canada.  Nous étions souvent dépeints comme des « primitifs » ou des « sauvages », qualificatifs qui affectait forcément notre estime de soi, notre capacité à socialiser et à nous intégrer à la société dominante.  David n’aime pas en parler, mais je me rappelle avoir été poursuivi par un groupe de garçons plus vieux que moi, dans les années 1960, qui me jetaient des pierres, m’insultaient et se moquaient de moi en lançant des cris de guerre.  Leurs insultes me blessaient plus que les pierres. 

 

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David a grandi pendant les années 1950 et 1960 et a donc pris part aux changements sociaux de la fin des années 1960.  Il s’est intéressé aux arts et a fréquenté un collège du sud de l’Ontario pendant un an.  Puis, il est brièvement retourné à la maison avant de s’installer à Toronto.  Il a huit ans de plus que moi.  Quand nous étions jeunes, il me surveillait tout le temps pour m’éviter de faire des mauvais coups.  C’est un homme gentil, dont la vie a été bien remplie.  Il sera toujours mon frère, plus vieux et plus sage que moi.  J’ai beaucoup de respect pour son désir d’indépendance, son intégrité, son honnêteté et sa sagesse.  Il m’a enseigné à défendre mes convictions et à honorer mes parents.  C’est pourquoi il représente pour moi la sagesse.